Par Rosette pipar

Il est de ces influences qu’on ne peut renier et quand elles se moulent aux talents naturels d’un être attiré par l’art, attentif aux artistes qu’il côtoie, cela donne inévitablement un amalgame remarquable.
Les débuts
Issu d’une famille où la fibre artistique est omniprésente, Jean-Yves Côté nourrit sa propension pour l’art. Tout commence inopinément par des jeux, du bricolage, dans l’atelier d’ajustage mécanique de son père aussi propriétaire d’un moulin à scie mais aussi par les autres membres de la famille qui s’engagent dans une pratique artistique comme la musique, la danse, le graphisme, le design. Pour envelopper le tout, la mère, elle aussi chante et peint. Il flotte là une ambiance pour le moins inspirante.
Engagement artistique
Cette ouverture sur le sensible, sur l’expression des émotions n’épargne pas pour autant la vie quotidienne d’une famille nombreuse et ses huit enfants et ses exigences financières. Il faut se débrouiller. Jean-Yves le comprend assez vite. Aussi, auprès de son père, il apprend à souder, percer, tailler le bois ce qui lui confère également une solide expérience en assemblage qui lui servira tout au long de sa carrière. Un atout indéniable qui fera de lui, notamment, un maître des techniques d’assemblage.
l aimait l’école et s’y débrouillait assez bien. Mais son cœur était attiré par l’envie de créer, d’apprendre et de développer l’embryon de créations amorcées dès l’enfance.
Aussi, il quitte le nid familial dès 16 ans pour entreprendre des études en arts. En parallèle, il réalise des décors dans des théâtres de Montréal et y côtoie des artistes reconnus. Il touche à tous les aspects, ce qui lui confère une belle expérience artistique.

Une voie toute tracée
À peine diplômé d’une maîtrise en arts, il se voit offrir un poste d’enseignant au niveau secondaire. Il accepte, par la suite, un poste de chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal qu’il occupera durant près de 25 ans. Il faut dire que ses professeurs ont tôt fait de remarquer l’expérience indéniable qu’il avait acquise auprès de son père en matière d’assemblage et de soudure à tel point qu’il dévoilait ses trucs auprès d’eux.
Au Québec, c’était l’époque où les CEGEP commençaient à offrir des cours d’art. L’École des Beaux-Arts fut intégrée à l’Université du Québec à Montréal. De nouvelles opportunités se dessinaient et les meilleurs élèves se voyaient rapidement confier des tâches d’enseignants.
D’étonnants amalgames de résine et d’acier
Bien qu’il privilégie l’enseignement, Jean-Yves Côté ne délaisse pas pour autant la création d’œuvres et participe à des événements au Québec et à l’étranger. Ses matériaux de prédilection sont l’acier inoxydable, la fibre de verre, le plexiglas, l’acier Corten. Il touche un peu à la céramique pour de petites œuvres uniquement. Quant à la pierre, il la trouve trop lourde à manœuvrer. « J’aimais les résines et les plastiques et j’avais envie d’allier plusieurs matériaux »
En regardant son abondante production et les nombreuses œuvres exposées dans des lieux publics, de prime abord, le néophyte pourrait se demander que représentent ces structures monumentales faites d’amalgames de matériaux qui, habituellement, ne se côtoient pas. Le design éclectique, le dénominateur commun apparaît, hors de tout doute, comme un appel vers les cieux, un élan vers d’autres dimensions, d’autres énergies dans un besoin de connexion entre ce qui est et ce que l’on pressent, ce que l’on ressent. Et l’artiste n’hésite pas à entreprendre des œuvres qui lui imposent, sans cesse, des défis. Son langage fait de matériaux qui peuvent, à priori, sembler froids, réussit à transcender le côté rigide et dur en le façonnant dans d’élégantes courbes, au dynamisme impressionnant. Parfois, ce sont des objets ou des créatures étranges qui interpellent le regard comme ces œufs en acier Corten, faits de lanières, et déposés à même le sol comme s’ils étaient prêts à éclore pour libérer l’oiseau en eux.
Un symbolisme stylisé
Pour l’artiste, il est important de communiquer un message comme en témoignent les titres de ses œuvres qui nous donnent des indices sur sa création spontanée ou, le cas échéant, sur sa représentation de la thématique suggérée par des organisateurs d’événements d’envergure. Chose sûre, il ne craint pas d’innover en alliant à la fois l’aluminium, le verre et l’acier, ce qui confère au tout, un rythme original allant de la solidité évidente à la transparence fragile et pourtant solidement ancrée à même d’énormes piliers offrant un havre à l’élan, au mouvement qu’il suscite.
De minutieuses étapes
Réaliser des œuvres monumentales exige un travail de préparation minutieux. Fidèle à son expérience d’enseignant, Jean-Yves développe des étapes de production avec rigueur. Le premier jet jaillit sur le dessin. Vient ensuite la maquette afin de visualiser l’œuvre en trois dimensions. Ensuite, il s’agit de la reproduire à l’échelle, fidèlement. Il faut aussi calculer bien des détails dont le poids, l’ancrage, sans oublier le boulonnage délicat entre matériaux différents qui peuvent réagir à leur façon une fois exposés à l’air libre. Bref, on ne s’improvise pas sculpteur de pièces aussi imposantes. Tout un art en soi.
Une succession d’œuvres
À présent libre de créer à souhait, s’ensuivent une succession d’œuvres et de participations à des événements internationaux. Ne pouvant renier sa vocation d’enseignant, Jean-Yves prodigue, à l’occasion, son aide auprès de jeunes sculpteurs. Il s’implique, ainsi que sa conjointe, Lise Corriveau, au sein du Conseil de la sculpture du Québec. Dynamique et professionnelle, Lise soutient l’artiste, organise, classifie et offre son temps à l’organisme. Un duo efficace.
Philosophie de l’instant
Jean-Yves Côté a développé son approche philosophique personnelle qui l’incite à accueillir le moment présent, ne pas développer des attentes, accepter les aléas de la vie, et il en a vécus, se concentrer sur l’«ÉLAN » vital qui lui insuffle ce supplément d’âme pour concrétiser ses idées et transmettre quelque message pour que le monde profite des belles choses de la vie plutôt que de se morfondre sur les déceptions. Il n’y a pas de temps à perdre en se confinant dans un misérabilisme. Un horizon pour le moins empreint d’espoir.
